Agressions de
l’environnement
L’impact des
principales pollutions sur la santé commence à être analysé, en particulier :
- l’agriculture (engrais, pesticides, farines animales) ;
- l’air, l’atmosphère : présence de substances nocives dans l’air (métaux lourds, dioxines) ;
- le bruit : (un environnement trop bruyant peut avoir des incidences sur la santé de l’homme) ;
- les déchets : problème des déchets toxiques, des déchets nucléaires, la pollution par les fumées des incinérateurs, la pollution des nappes phréatiques par les centres d’enfouissement technique.
Les
différentes substances entrent dans le corps par inhalation, absorption, par
contact cutané, ingestion de nourriture, d’eau contaminée ou traitée
chimiquement. L’impact de ces pollutions sur la population est sous-estimé pour
plusieurs raisons :
- les indicateurs de mesure ne prennent pas toujours en compte les nouvelles formes de pollution (fines particules produites par le diesel potentiellement plus dangereuses que les grosses particules parce qu’elles se logent au fond des bronches) ;
- les individus sont soumis à une synergie de pollutions en permanence avec un risque de potentialisation de leur nocivité ;
- une partie de la population est plus vulnérable du fait de sa fragilité (enfants, personnes âgées, malades) ;
- une partie de la population est plus vulnérable du fait de l’inégalité sociale et économique. Les pollutions sont inégalement réparties dans la ville, atteignant les niveaux les plus élevés dans les quartiers les plus pauvres, c’est-à-dire frappant les populations les plus vulnérables socio-économiquement .
Les carences
de l’environnement social et idéologique constituent également des agressions
pour la santé. Ces carences peuvent être de différente nature. Il peut s’agir
d’un vide affectif : la désagrégation des communautés laisse les individus plus
fragiles et les plus sensibles désemparés en cas d’épreuves à affronter parce
qu’ils se sentent seuls. Le vide peut être spirituel : la société ne porte plus
distinctement un idéal de progrès de l’homme à offrir à ses membres, en
particulier à la jeunesse, sous forme d’un espoir à bâtir en commun, d’un
avenir qui soit un épanouissement et pas seulement un enrichissement matériel.
Le vide peut enfin être professionnel : pour de plus en plus d’individus, la
communauté de travail s’est effondrée, d’abord par la montée du chômage, mais
même aussi pour beaucoup de ceux qui travaillent, parce qu’à l’intérieur de
l’entreprise, des réductions incessantes d’effectifs créent entre les
travailleurs une mentalité « radeau de la méduse » dans l’attente de la
prochaine « charrette » de licenciement.
La complexité
des interactions environnement-santé
L’environnement
est un facteur déclenchant de nombreuses maladies par les agressions de
l’environnement physique (pollution, nourriture malsaine, gigantisme urbain,
destruction des espaces verts) et les carences de l’environnement social
(solitude, famille en miettes, chômage) et idéologique (vide spirituel).
L’environnement est un facteur facilitant l’invasion de la maladie en créant de
multiples stress qui affaiblissent les défenses immunitaires.
Le lien entre
la qualité de l’environnement et l’état de santé des populations est reconnu
par les communautés scientifiques de manière plus fréquente qu’avant, mais les
questions restent plus nombreuses que les réponses. À titre d’exemples,
évoquons quelques liens environnement-santé récemment établis.
L’augmentation
des allergies est frappante. Un groupe d’experts japonais a travaillé sur
l’allergie au pollen :
la fréquence
moyenne, au Japon, de la pollinose provoquée par les cèdres a été chiffrée à
9,6 % ;
les valeurs
maximales pour cette pollinose ont été constatées le long des rues à forte
densité de trafic (13,2 %). Dans les quartiers moins fréquentés par les
voitures, mais où il y a des cèdres, cette valeur baisse sensiblement (5,1 %) ;
dans les
quartiers où il n’y a pas de cèdres, mais où le trafic est dense, ces
pollinoses spécifiques du cèdre se situent à 9,6 %, soit à un niveau supérieur
aux valeurs des quartiers où il y a des cèdres, mais pas de trafic automobile.
Depuis peu,
on rapporte de plus en plus fréquemment un autre phénomène, les réactivités
croisées. Par exemple :
dans le cas
des personnes allergiques qui réagissent à des aliments comme l’anis, le
céleri, la camomille, tout en ayant été sensibilisées au pollen d’armoise ;
dans le cas
des personnes qui réagissent à la pomme, aux noisettes et au curry, tout en
ayant été sensibilisées au pollen de bouleau ;
dans le cas
des personnes qui réagissent aux cacahuètes, au soja et à la menthe poivrée
tout en ayant été sensibilisées à l’herbe.
Il est établi
que le « sick building syndrome », c’est-à-dire l’apparition d’atteintes à la
santé comme l’irritation des yeux, des muqueuses du système respiratoire, des
problèmes neurologiques comme la fatigue, les maux de tête, le vertige, etc.,
peut provenir du « cocktail chimique » : solvants, formaléhyde, pyréthrinoïdes
émis par le nouveau mobilier (peintures, laques, tapis, cuir, boiseries, etc.).
Le poids
croissant de ces maladies chroniques dégénératives et de ces syndromes ne peut
être nié. Des associations de patients concernés par ces maladies se sont
créées : par exemple, contre l’usage de fongicides (PCP, pentachlorophénol,
etc.) ou d’insecticides (lindane, etc.) dans les produits de traitement du bois
ou du cuir, contre le formaldéhyde, contre l’amiante, contre les champs
électromagnétiques. Des procès ont été gagnés en Allemagne et au Canada, car
les juges ont jugé suffisante la très grande probabilité des relations entre
l’exposition prolongée et les effets négatifs sur la santé. C’est essentiel car
les juges n’ont pas revendiqué une preuve à cent pour cent d’une relation de
cause à effet préconisée par les industriels et leurs experts.
Référence:
- http://www.cairn.info/revue-sante-publique-2003-3-page-291.htm
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